12 novembre 2007

Le Joueur d'échecs. Stefan Zweig

Plusieurs années plus tard, à la seule évocation de ce titre, la folie de M.B. emprisonné par la Gestapo se mélange toujours aux 64 cases de l'échiquier. Un roman court qui sait s'insinuer dans votre esprit et s'y installer en arrière-plan pendant un moment.




"Assurément je connaissais par expérience le mystérieux attrait de ce "jeu royal", le seul entre tous les jeux inventés par les hommes, qui échappe souverainement à la tyrannie du hasard, le seul où l'on ne doive sa victoire qu'à son intelligence ou plutôt une certaine forme d'intelligence. Mais n'est-ce pas déjà le limiter injurieusement que d'appeler les échecs un jeu ? N'est-ce pas aussi une science, un art, ou quelque chose qui, comme le cercueil de Mahomet entre ciel et terre, est suspendu entre l'un et l'autre, et qui réunit un nombre incroyable de contraires ? L'origine s'en perd dans la nuit des temps, et cependant il est toujours nouveau ; sa marche est mécanique, mais elle n'a de résultat que grâce à l'imagination ; il est étroitement limité dans un espace géométrique fixe, et pourtant ses combinaisons sont illimitées. Il poursuit un développement continuel, mais il reste stérile ; c'est une pensée qui ne mène à rien, une mathématique qui n'établit rien, un art qui ne laisse pas d'oeuvre, une architecture sans matière ; et il a prouvé néanmoins qu'il était plus durable, à sa manière, que les livres ou tout autre monument, ce jeu unique qui appartient à tous les peuples et à tous les temps, et dont personne ne sait quel dieu en fit don à la terre pour tuer l'ennui, pour aiguiser l'esprit et stimuler l'âme. [...] Jadis, la passion de la physiognomonie eût peut-être poussé un Gall à disséquer les cerveaux de champions d'échecs d'une telle espèce pour voir si la matière grise de pareils génies ne présentait pas une circonvolution particulière qui la distinguât des autres, une sorte de muscle ou de bosse des échecs. Combien l'eût intéressé ce cas d'un Czentovic en qui ce don spécifique s'alliait à une paresse intellectuelle totale, comme un seul filon d'or qui court dans une énorme roche brute !"

24 octobre 2007

Pietrolino - T1. Le Clown Frappeur. Jodorowsky & Boiscommun

Les Anges de Boiscommun voletaient toujours derrière moi, lorsque Pietrolino m'a lancé son regard triste, debout sur l'étagère de la librairie. S'échapper du magasin n'aura pas suffi à lui rendre le sourire, mais en étant là avec lui pour partager les instants douloureux, vous vous sentirez proche, très proche de cet homme qui ne souhaite que donner du bonheur pour retrouver le sien.




[Simio, compagnon de route de Pietrolino, raconte...] "Malgré les années passées au camp, Pietrolino n'avait rien retrouvé de l'usage de ses mains, et notre spectacle ne nous rapportait plus assez pour vivre depuis qu'on les lui avait brisées. Mais ce qui m'inquiétait le plus, c'est que son âme l'était aussi. Notre récente liberté ne faisait que lui rappeler les chaînes auxquelles il était encore attaché. La pensée de ne plus jamais faire rêver les gens l'anéantissait chaque jour un peu plus. C'est alors qu'il l'aperçut !!"


12 octobre 2007

99 F. Frédéric Beigbeder

Gens de la com, voilà un incontournable, gens d'ailleurs, à vous de juger... Parfois il vaut mieux ne pas savoir, surtout quand on aurait du mal à croire.



"Il est convaincu que le retour de la croissance est une bonne nouvelle alors que la croissance signifie seulement de plus en plus de production vaine, "une immense accumulation de marchandises" (Karl Marx), une montagne d'objets supplémentaires pour nous ensevelir."

"Là où tu travailles, beaucoup d'informations circulent : ainsi apprends-tu, incidemment, qu'il existe des machines à laver incassables qu'aucun fabricant ne veut lancer sur le marché ; qu'un type a inventé un bas qui ne file pas mais qu'une grande marque de collants lui a racheté le brevet pour le détruire ; que le pneu increvable reste aussi dans les tiroirs (et ceci au prix de milliers d'accidents mortels chaque année) ; que le lobby pétrolier fait tout ce qui est en son pouvoir pour retarder la généralisation de l'automobile électrique [...] ; que même le dentifrice est un produit inutile puisque tout le soin dentaire réside dans le brossage, la pâte ne servant qu'à rafraîchir l'haleine..."

"Il y a eu des modes dans le monde de la pub comme partout : dans les années 50, c'était le calembour ; dans les années 60, la comédie ; dans les années 70, la bande de jeunes ; dans les années 80, le spectacle ; dans les années 90, le décalage."

"- Tiens, ça me fait penser à un truc... Octave, tu te souviens sur Barilla, quand tu nous avais proposé une baseline avec le mot "bonheur" dedans ?
- Ah oui... Le service juridique nous avait expliqué qu'on ne pouvait pas, c'est ça ?
- Oui ! Parce que le mot "bonheur" est une marque déposée par Nestlé !! LE BONHEUR APPARTIENT A NESTLE."
* Le mot bonheur est protégé jusqu’en 2007, pour la «classe 30», celle du café, du cacao, des glaces, de la pâtisserie, etc. Il appartient en propre à Nestlé.

8 octobre 2007

Echec & Automates - Tome 1. Philippe Segard et Arnaud Quéré

Voici une BD dont on relit les deux dernières pages plusieurs fois, en hésitant à laisser tomber quelques larmes ou non...

Dans une ville abandonnée, un homme prend soin des horloges en attendant l'arrivée des touristes. Son amoureuse s'est suicidée, lui laissant un petit garçon simplet.

L'homme : "T'es bouché ou quoi ? J'ai pas dit Le Tournevis à bille mais Le Remontoir excentrique !"

[Le garçon lui tend le bon outil.]

L'homme : "C'est pas trop tôt ! [Il se perd dans ses pensées : Nonette a dit un jour que je n'avais pas de coeur.] Voilà, le ressort est armé. [Pas de coeur, moi ? Tout ce que je sais, c'est que ça cogne dur sous ma cuirasse. Ca bout comme dans un pot au feu, à l'intérieur de moi. Ca fait plein de remous, c'est vrai, à cause de mon mauvais caractère et toutes ces frustrations... Mais il n'y a pas que ça en moi. C'est juste que les bons morceaux, ils restent au fond. Je n'arrive pas à les faire sortir, c'est tout. Car il n'est pas vide mon coeur que je n'ai pas.]

13 septembre 2007

Le Potager Magique. Maître Botanicus



La Couveuse de Fées


Certaines Fées, de nature fragile ou fantasque, aiment pousser dans des couveuses où elles se plairont à jouer aux princesses endormies.


Le Crochemousse


Quand les Crochemousses fleurissent à l'automne, libérez-les délicatement avec votre Féecateur, puis invitez-les à s'installer dans votre jardin. Ils orneront vos bancs et statues de mousse, fleurs et lierre.

31 août 2007

Un aller simple. Didier van Cauwelaert


"Le jour où la Commission est venue à Vallon-Fleuri, ça s'est très bien passé. On a été gentils, on lui a offert le pastis pour calmer l'état de choc, parce qu'elle arrivait de chez les Comoriens de la Basse-Robière où elle avait reçu un frigo par la fenêtre. Un peu de musique, jazz manouche, flamenco, Gipsy Kings, et les nerfs se sont détendus. La Commission nous a remerciés de notre accueil. Elle a emporté les paniers que les enfants lui montraient, en croyant que c'était des cadeaux. Après, elle a déclaré aux actualités que les " Bohémiens " se sentaient mal intégrés dans leurs roulottes, et que toutes leurs difficultés venaient de là. Forcément, quand on ne connaît pas. A la place du hameau en ruine qu'on utilisait comme atelier de mécanique, ils nous ont bâti des maisons Bouygues.


On a été très contents. On les a laissés construire, sans voler de ciment sur le chantier, comme c'était pour nous et qu'on était pressés qu'ils terminent. Après les dernières finitions, ils sont revenus avec le préfet, la télé et le monsieur de chez Bouygues, pour nous remettre officiellement les clés : il n'y avait déjà plus de serrures. Il n'y avait plus de portes non plus, d'ailleurs, ni de fenêtres, ni d'éviers, ni de chiottes ; on avait tout désossé et revendu au détail. Il restait les tuiles, qu'on gardait pour l'hiver : les prix seraient plus hauts. Le monsieur de chez Bouygues tirait une tronche de déterré, et il a fait partir la télé, et le préfet ne savait plus où se mettre. Mais on était contents des pavillons, quand même, fallait pas croire : c'était joli, comme vue, par la fenêtre des caravanes. Ca faisait environnement, on disait pour les flatter. On a répété nos félicitations et je vous en prie, le buffet est ouvert.


Ils n'ont rien bu du vin d'honneur qu'on leur avait préparé, avec des produits de chez eux pour leur rendre hommage, piqués spécialement au dépôt Fauchon de Marignane. On est restés tout bêtes après leur départ, avec nos tonnes d'oeufs en gelée et de quiches au saumon. On s'est forcés à manger, mais on était déçus."



27 août 2007

Model - 2. Marie. Lee So Young



Le vampire Muriel accueille la jeune peintre Jiyae dans sa demeure afin qu'elle réalise le portrait de l'ancien artiste, devenu mort-vivant...

Muriel : Voilà ce que je suis devenu. Tous ceux qui me passent commande pressentent qu'ils vont bientôt mourir. Alors ils comptent sur moi pour réaliser leur portrait de l'au-delà. ... Souviens-toi de ... l'ultime soirée.

Jiyae : C'était donc cela... la signification de cette petite fête ? (Reste calme) Elles ont payé de leur vie ce tableau. (Surtout reste calme) Ainsi...

Muriel : Tss, ne te méprends pas. Evidemment mes honoraires ne sont pas donnés. Mais je n'ai jamais pris la vie de quiconque pour le prix de mes services. Je suis un messager, et non un assassin. Ces trois femmes étaient loin d'être fortunées. C'est pour cela que j'ai accepté leur sang en guise de paiement.

Jiyae : Mais alors...

Muriel : Elles se sont données la mort. Qu'il s'agisse d'un accident ou d'un suicide, les circonstances de la mort de mes clients ne me regardent pas. Même si je savais que ces femmes avaient l'intention de se suicider, je n'avais pas le droit d'intervenir. Ce n'est pas le rôle d'un peintre. Et qui viendrait m'accuser de non-assistance à personne en danger ? Ha ha ! Ha ha ha...

Jiyae : (Je sens mon coeur se serrer. Son rire me fait mal. Je crois qu'à partir d'aujourd'hui, je vais pouvoir commencer son portrait. Ce rire si triste... sera le point de départ de mon inspiration)

21 août 2007

Comment échapper à sa femme et ses quadruplées en épousant une théorie marxiste - Wilt 4. Tom Sharpe


"Les deux hommes branchèrent la vidéosurveillance sur les quadruplées. Elles étaient occupées à noter en détail dans leur cahier de devoirs de vacances le comportement sexuel de l'oncle et de la tante Immelmann, pour le rapport sur la culture américaine demandé par leur professeur en Angleterre.

-- Comment on écrit "sodomiser" ? s'enquit Emmeline.

-- "Sodo" et "miser", lui dit Samantha.

-- Je trouve oncle Wally vachement sexiste. Parler comme ça de la foufoune de tante Joan, c'est affreux.

-- Mais oncle Wally est un affreux et un nul. Ils sont hypernuls tous les deux. Tous ces trucs qu'il nous a racontés sur la guerre, ces Japs qu'on rôtit avec ce machin qui crache du feu... Comment il a dit, déjà ?

-- Un barbecue et des dindes flambées qui dansent, lui souffla Josephine.

-- Beurk, c'est horrible ! Je ne pourrai plus jamais manger de dinde de ma vie. Je penserai toujours à ces petits Japonais.

-- Tous les Japonais ne sont pas petits, fit remarquer Penelope. Ils ont des catcheurs horriblement gras.

-- Comme tante Joan, approuva Samantha. Elle est dégoûtante !

Dans la camionnette de surveillance, Murphy et Palowski approuvèrent d'un hochement de tête.

La remarque suivante leur parut assez intrigante.

-- Je ne sais pas pourquoi on se fatigue à écrire tout ça, puisqu'on a toutes les preuves sur la bande.

-- Miss Sprockett piquerait une crise si on la passait en classe. Cette gouine macho ne le supporterait pas. J'ai hâte d'entendre ses commentaires sur oncle Wally.

-- Dommage qu'on n'ait pas pu filmer la scène, dit Emmeline. Oncle Wally cherchant le machin de la tante et atterrissant dans son trou de balle, ça vaudrait une fortune !"


4 juillet 2007

Les Petits Soldats du Journalisme. François Ruffin


Ancien étudiant au CFJ ( Centre de Formation des Journalistes), François Ruffin révèle les coulisses de cette école qui "formate" chaque année les futurs journalistes des médias français les plus prestigieux. Il raconte notamment un exercice de reportage radio :


"Les grèves, tous les autres vont en parler. On ne peut pas faire l'impasse dessus, l'AFP sort déjà des "Urgents".

-- Mais ça ne m'intéresse pas.

-- Il y aura plein de choses qui ne te plairont pas dans la vie. Tu dois d'abord penser à tes auditeurs, et ils attendent ça." Une autre enseignante me présente aussitôt l'angle : "J'ai lu un édito de Bruno Frappat, ce matin, dans La Croix. Regarde, c'est vraiment incendiaire... Est-ce que c'est le bon moment pour une grève, alors que les gens se sentent menacés ? Les syndicats sont complètement irresponsables... une grève des transports en pleine crise internationale, avec l'anthrax, Ben Laden, les alertes à la bombe. Donc, c'est un peu ça qu'on devrait retrouver dans ton reportage. Place aussi un micro d'ambiance pour les colis suspects."

Il est 10h15. "Retour obligatoire avant 11h30."

[...]

A la gare du Nord (où rien, m'avait-on dit, ne circulait), des trains partent chaque demi-heure pour la banlieue. J'interroge Aziz, déjà installé sur une banquette : il avait prévu de prendre un taxi, mais il a finalement trouvé un RER pour l'aéroport Charles-de-Gaulle. Son impression, "c'est que les grèves ne sont jamais suivies à 100%. Même pas à 70%. Peut-être à 50% mais pas plus." Même réaction d'Hélène, au départ pour Mitry-Claye : "On ne l'entend jamais sur les antennes mais il y a toujours des trains. Sauf pendant les grèves de 1995, mais sinon ils maintiennent un service plus que minimum." Je tâte le terrain côté anthrax et attentats : mes deux interlocuteurs rigolent doucement...

Ce n'est qu'aux Halles que je rencontrerai des travailleurs embêtés par la grève : un cameraman et un journaliste de France 3 Ile-de-France qui ne trouvent personne à sonder. "Merde, merde, il faut qu'on se presse..." Ils se précipitent sur les quais : les voyageurs n'attendent que depuis cinq minutes... "On n'a rien, rien. On ne peut pas ramener ça."

[...]

La dramatisation obligée. "Tu aurais pu faire un effort... Je viens d'écouter LCI, eh bien il y avait des gens qui se plaignaient. Qui se sentent pris en otages." Un reproche logique : pour cause de concurrence, il fallait y aller. Mais si on en parle, c'est que le sujet le mérite. Il convient donc d'en rajouter pour justifier notre choix : "Tu aurais dû dire à ton manifestant : "Bon, maintenant on le refait mais vous êtes en colère"", conseillera une prof à un camarade."


26 juin 2007

Madame Piquedru la Blanchisseuse. Beatrix Potter


"Lucie grimpa sur un petit mur de pierre et porta son regard vers les collines qui s'élevaient au loin, très haut, si haut que leur sommet se perdait dans les nuages.
Et sur le flanc de la colline, Lucie crut apercevoir des choses blanches étalées sur l'herbe.
Alors, elle grimpa sur la colline aussi vite que ses petites jambes potelées pouvaient la porter. Elle courait le long d'un sentier -- montant, montant, montant encore -- et Petite-Ville était à présent loin au-dessous d'elle. Elle aurait pu jeter un caillou dans la cheminée.
Bientôt, elle atteignit une source d'eau claire qui jaillissait au flanc de la colline.
Quelqu'un avait posé un seau sur une pierre pour y recueillir de l'eau mais le seau débordait déjà, car il n'était pas plus grand qu'un coquetier. Aux abords de la source, là où le sable était humide, on pouvait distinguer des traces de pas toutes petites qui avaient dû être laissées par quelqu'un de minuscule.
Lucie s'empressa de les suivre. Le sentier se terminait sous un gros rocher. Alentour, l'herbe était soigneusement coupée et d'un vert éclatant. Et dans cette herbe étaient plantées des tiges de fougère qui soutenaient une corde à linge en paille tressée. A côté étaient empilés des vêtements et des pinces à linge minuscules, mais Lucie ne vit pas de mouchoirs.
En revanche, il y avait une porte au bout du sentier. Une petite porte aménagée dans le flanc de la colline. Et derrière cette porte, quelqu'un chantait :

Blanc comme lis et tout propret
Sans tâche aucune au grand jamais
Lave le linge à l'eau clairette
Lave jabots et collerettes"

23 juin 2007

Harry Potter et la Chambre des Secrets. J.K. Rowling


"Le professeur McGonagall frappa à la porte qui s'ouvrit silencieusement. Lorsqu'ils l'eurent franchie, Mc Gonagall ordonna à Harry de l'attendre et le laissa seul.

Harry jeta un oeil autour de lui. De tous les bureaux de professeurs qu'il avait eu l'occasion de visiter cette année, celui de Dumbledore était de loin le plus intéressant. S'il n'avait pas eu si peur d'être renvoyé, il aurait eu plaisir à se trouver là.

C'était une belle et grande pièce circulaire pleine de petits bruits bizarres. Posés sur des tables, d'étranges instruments en argent bourdonnaient en émettant de petits nuages de fumée. Les murs étaient recouverts de portraits d'anciens directeurs et directrices qui somnolaient tranquillement dans leurs cadres. Il y avait également un énorme bureau aux pieds en forme de serres et derrière, sur une étagère, un chapeau pointu, usé et rapiécé : le Choixpeau magique.

[...]

Le chapeau ne bougea pas. Harry fit un pas en arrière et le regarda. Un étrange caquètement, comme une sorte d'éructation, retentit alors derrière lui. Il se retourna et s'aperçut qu'il n'était pas tout seul. Debout sur un perchoir en or posé derrière la porte, il vit un oiseau d'aspect misérable qui avait l'air d'une dinde à moitié plumée. L'oiseau jeta à Harry un regard mauvais en lançant à nouveau son caquètement. L'animal avait l'air très malade. Il avait le regard vitreux et Harry vit tomber deux de ses plumes.

Dans sa situation, Harry n'avait vraiment pas envie qu'en plus, l'oiseau de Dumbledore meure en sa présence. A peine avait-il eu cette pensée que l'oiseau s'embrasa soudain dans un jaillissement de flammes.

Harry laissa échapper un cri d'horreur et recula en se cognant contre le bureau. Il regarda fébrilement autour de lui en quête d'un verre d'eau mais ne trouva rien. Pendant ce temps, l'oiseau s'était transformé en une véritable boule de feu. L'animal poussa un cri perçant et bientôt, il ne resta plus de lui qu'un petit tas de cendres fumantes tombées sur le sol.

La porte du bureau s'ouvrit et Dumbledore entra, l'air très sombre.

- Professeur, balbutia Harry, votre oiseau... Je n'ai rien pu faire... Il a pris feu...

A la grande surprise de Harry, Dumbledore sourit.

- Le moment était venu, dit-il. Il avait une mine épouvantable, ces derniers temps. Je lui ai dit qu'il fallait faire quelque chose.

Le visage stupéfait de Harry le fit glousser de rire.

-Fumseck est un phénix, Harry. Au moment de leur mort, les phénix s'enflamment et ils renaissent ensuite de leurs cendres. Regarde...

Harry vit alors un minuscule oisillon tout fripé sortir sa tête au milieu du tas de cendres. Il était tout aussi laid que le vieil oiseau."


"- Il m'a envoyé à Gryffondor parce que j'ai demandé à ne pas aller chez les Serpentard, répondit Harry d'une voix défaite.

- Exactement, dit Dumbledore avec un grand sourire. Ce qui te rend très différent de Tom Jedusor. Ce sont nos choix, Harry, qui montrent ce que nous sommes vraiment, beaucoup plus que nos aptitudes."


Suite de la dégustation

22 juin 2007

Les Contes du Korrigan - Livre Second. Les Mille Visages du Diable. E. & R. Le Breton, Debois, Istin, Gaéta, Michel & Lapeyre


Au milieu de la nuit, au coeur des bois, les korrigans dansent gaiement la farandole tandis que leur chef Barba Gwenn conte une histoire aux plus jeunes.

Barba Gwenn : "Vous savez qui a bâti le dolmen de la Roche aux Fées ?...

Les jeunes Korrigans en choeur : ... C'est la Fée Fulenn.

Barba Gwenn : Ce ne fut pas une sinécure, croyez-moi. Elle devait porter trois pierres à la fois. Et si un rocher venait à tomber, le Diable s'en emparait. La malheureuse devait alors recommencer son exploit depuis le début...

[Le Diable justement fait son apparition dans un grand fracas, jets de pierres, fumée de souffre et tout le tralala]

Barba Gwenn : Hum... Hum... Voilà le Cornik...

Le Diable : J'en ai assez de vos coups de pieds au-dessus de ma tête ! On ne peut plus gouverner sous terre sans être dérangé par vos bruyantes sarabandes ! Et puis les temps ont changé... Je suis la nouvelle foi, vous êtes celle du passé ! Du balai ! Désormais la Roche aux Fées m'appartient ! J'en ferai une bouche infernale pour mes légions démoniaques ! Qu'avez-vous à répondre nabots ?

Un Korrigan : Retourne chez toi et va te faire cuire un damné !

Le Diable : Quoi ?! Vous osez vous moquez de ma puissance infernale ?! Nains grotesques et sans avenir !!

Barba Gwenn : Du calme, compère, tu ne penses pas que tu vas un peu vite en besogne ?

Le Diable : Comment ça ? Sache, Barba Gwenn, que c'est votre intervention dans mes affaires qui commence à me taper sur les cornes !

Barba Gwenn : Je comprends ta colère, compère, mais n'oublie pas qui tu es... S'il y a des lois pour le monde des mortels, il y en a également pour les immortels...

Le Diable : Tu parles bien mais ton discours est sinueux. Où veux-tu en venir ? Ma patience est aussi mince que ton ventre est rebondi !

Barba Gwenn : Eh bien, notre tradition exige un défi en bonne et due forme. Je te propose trois épreuves pour les trois prochaines saisons... Si au final tu l'emportes, le domaine de la Roche aux Fées sera tien ; en revanche, si nous gagnons, tu laisseras ce rocher et ses habitants en paix pour les siècles des siècles..."

Suite de la dégustation

14 juin 2007

The Spiderwick Chronicles - Book 1. The Field Guide. Tony Di Terlizzi & Holly Black



Chapter Three - In Which There Are Many Riddles

"Jared looked around the room. It was a smallish library, with one huge desk in the center. On it was an open book and a pair of old-fashioned, round glasses that caught the candlelight. Jared walked closer. The dim glow illuminated one title at a time as he scanned the shelves. They were all strange: A Historie of Scottish Dwarves, A Compendium of Brownie Visitations from Around the World, and Anatomy of Insects and Other Flying Creatures.
A collection of glass jars containing berries, dried plants, and one filled with dull river stones sat at the edge of the desk. Nearby, a watercolor sketch showed a little girl and a man playing on the lawn. Jared's eyes fell on a note tossed on top of an open book, both coated in a thin layer of dust. The paper was yellowed with age, but handwritten on it was a strange little poem:

In a man's torso you will find

My secret to all mankind

If false and true can be the same

You will soon know of my fame

Up and up and up again

Good luck dear friend"

" "Mallory! Let go of your brother!" Their mother was standing at the top of the narrow kitchen stairs wearing a less-than-pleased expression"

" "Let's see this house," Mallory said. She and Simon followed Jared into the hall, and he showed it to them.


It was made from a wooden birdhouse large enough for a crow to roost in. Jared had found it among the ones hung in the attic. Sliding up the back, he showed them how he had arranged everything except the cockroaches neatly inside. On the walls, he had taped up the newspaper words and also a few small pictures from magazines."

13 juin 2007

Tokyo Blues. Barry Eisler


"Murakami avait besoin de se battre. Bon sang, le Pride ne lui suffisait pas. Il lui fallait plus. Et il ne faisait pas ça pour l'argent. Entre les promotions et les démonstrations, le Pride devait rapporter beaucoup plus, aux gagnants comme aux perdants.
Non. Le moteur de ce type n'était pas le fric. C'était l'excitation. La proximité de la mort. L'espèce d'euphorie qui ne peut s'éprouver qu'en tuant un homme qui fait lui-même tout ce qui est en son pouvoir pour vous tuer.
Cette sensation, je la connais bien. Elle me fascine et me répugne à la fois. Pour certains hommes, ils sont très rares, qui ne peuvent vivre leur vie et suivre leurs penchants naturels qu'en devenant les plus durs des plus irréductibles mercenaires, ça devient comme une drogue.
Ces hommes-là vivent pour tuer. Tuer est la seule chose qui les fasse vibrer.
J'en ai connu un. Mon frère de sang, Crazy Jake.
Je me souvenais comment Jake déraillait quand il rentrait d'une mission. Il était cramoisi, et ce n'était pas seulement son humeur mais tout son métabolisme qui s'échauffait et s'emballait. On voyait des ondes de chaleur s'échapper de son corps. Dans ces moments-là, et dans ces moments-là seulement, il devenait bavard. Il racontait sa mission, les yeux injectés de sang, la bouche tordue par un sourire de fou.
Puis il exhibait ses trophées. Des scalps et des oreilles. Des trophées qui claironnaient : Ils sont morts ! Je suis vivant !
A Saigon, il payait des tournées de bière à la ronde. S'offrait des putes. Organisait des fiestas. Il lui fallait s'entourer d'un maximum de monde pour fêter ça. Je suis vivant ! Ils sont morts et moi, putain, je suis en vie !"

Suite de la dégustation

6 juin 2007

Geisha. Arthur Golden


"Pour clore la matinée, j'étudiais la cérémonie du thé. On a écrit maints ouvrages sur le sujet, aussi ne vais-je pas entrer dans les détails. Pour l'essentiel, sachez que la cérémonie du thé est célébrée par une ou deux officiantes. Assises devant leurs invités, elles préparent le thé de façon traditionnelle. Elles utilisent de jolies tasses, des fouets en bambou. Même les invités s'intègrent au rituel, car il y a une façon de tenir sa tasse, et une façon de boire le thé. Ne pensez pas que l'on s'assoie pour boire une tasse de thé. Il s'agit davantage d'une danse, d'une méditation, qui se pratique assis sur ses talons. Le thé - des feuilles réduites en poudre - sera battu dans l'eau bouillante jusqu'à former un breuvage vert et mousseux, ou "matcha", très peu apprécié des étrangers. Ce thé ressemble à de l'eau savonneuse de couleur verte. Il a un goût amer, auquel il faut s'habituer."

"Aussi continuai-je à servir du thé, jusqu'au moment où Mameha estima que j'exposais mon bras avec le naturel requis. Il ne s'agissait pas de remonter ma manche jusqu'au coude, c'eût été ridicule, mais d'écarter cette manche avec désinvolture, et de profiter de l'occasion pour montrer quelques centimètres de chair supplémentaires. D'après Mameha, la partie interne de l'avant-bras étant la plus émouvante, j'allais devoir m'arranger pour que les hommes l'entrevissent.

Elle me demanda de recommencer, en imaginant cette fois que je servais le thé à la maîtresse de l'Ichiriki. Je découvris mon bras de la même façon que tout à l'heure. Mameha fit la grimace.

- Enfin Sayuri, je suis une femme ! s'écria-t-elle. Pourquoi exhibes-tu ton bras comme ça ? Tu essaies probablement de me rendre jalouse ?

- De vous rendre jalouse ?

- Que pourrais-je penser d'autre ? Tu me montres combien tu es jeune et belle, alors que je suis déjà vieille et décrépite. A moins que tu n'aies voulu être obscène...
- Obscène ?

- Pourquoi aurais-tu exposé le dessous de ton bras avec une telle ostentation ? Tu pourrais aussi bien me montrer la plante de ton pied ou l'intérieur de ta cuisse. Si je vois un bout de chair par hasard, ça va. Mais me montrer ton bras de façon aussi ostentatoire !"

28 mai 2007

Itinérêve d'un Gentilhomme d'Infortune - 3. ...221 Bis ? Stéphane Heurteau


Eugène Hauterue caracole à travers les paysages fantastiques de Grande-Bretagne en quête d'aventure.

[Lettre à sa fiancée Gaëlle]
J'ai eu la chance de retrouver Jonathan Harker et Mina Murray, tu sais ce charmant anglais et sa délicieuse fiancée. Comme il est agréable de pouvoir converser avec des gens aussi charmants et compréhensifs, car il m'est à nouveau arrivé un étrange phénomène hier soir. Après dîner, je quittai Jonathan et Mina, les laissant s'installer dans leur chambre et décidai de me promener sur la plage de Balnakeil, près de Durkness. C'est alors que j'aperçus un splendide cimetière : Balnakeil Church. Et crois-moi, dans cette région, même les cimetières ont une âme. Le lieu était clos, entouré d'un vieux muret de pierres. Les allées étaient pavées et les tombes toutes à l'abandon, entouraient les ruines d'une ancienne chapelle. Assis sur un dolmen, j'observais le soleil qui se couchait sur la chapelle lorsque je crus entendre un bruit derrière moi. Je me retournai alors et restai bouche bée. Il y avait un second coucher de soleil ! Les nuages, ronds et oranges dansaient, tournoyaient, ondulaient, s'étiraient, se frôlaient... C'était extraordinaire. Et je restai ainsi pendant près de 2 heures, assis dans le cimetière à admirer le magnifique ballet des stratus, cumulus et autres cumulonimbus.

[Eugène conte son aventure à Jonathan et Mina]
Jonathan : "Nous vous croyons !!! Nous aussi, nous avons pu admirer ce phénomène tout à fait... extraordinaire !!!

Eugène : Vous me rassurez ! Au moins, je ne suis pas fou !

Mina : Hihi... Mr Hauterue, sachez que Jonathan et moi aimons les fous, les rêveurs et les poètes...

Jonathan : Et visiblement vous faites partie de ces 3 catégories !"

Suite de la dégustation

22 mai 2007

Le Réseau Bombyce - 2. Monsieur Lune. Cecil & Corbeyran


Monsieur Mouche et Eustache forment le réseau Bombyce. Leurs dernières investigations dans les milieux glauques de la ville leur ont apporté pas mal d'ennuis. Ils se sont donc réfugiés chez un vieux médecin quelque peu hors-service. Monsieur Mouche commence tout juste à sortir d'une mauvaise fièvre.

Monsieur Mouche : "Eustache !? J 'ai sauté un paragraphe ?

Eustache : Quelques chapitres en vérité...

Monsieur Mouche : Vu ton état, ce sont sûrement des passages agités.

Eustache : Plutôt ! Je te passe les détails, mais depuis deux jours ma vie est un avatar de l'enfer.. On m'a tout d'abord tabassé, puis défenestré... étranglé... et finalement logé du plomb dans le vaisselier. Quant à toi, tu n'as plus dit un mot sensé depuis ton plongeon du tram aérien... Délires et humeurs depuis quarante-huit heures ! Bain de sueur et bureau des pleurs...

Monsieur Mouche : Brillantissime le réseau ! [Eustache lui sert un verre d'eau] Tu n'aurais pas autre chose avec moins d'eau ?

Eustache : Désolé ! Notre aimable amphitryon a tout épongé...

Monsieur Mouche : On peut lui faire confiance ?

Eustache : A priori, oui !

Monsieur Mouche : Et pour notre affaire ? Du neuf ? Du flambant ?

Eustache : Du malheureusement stagnant... Le baron est rien moins que disposé à payer pour revoir sa bobine. C'est un hargneux, un dur ! Il nous aura à l'usure, à moins que ses sbires ne nous trouvent avant longtemps et nous dépècent vivants ! Côté trafic de chair fraîche, notre brillante intervention n'a rien changé non plus... Zibeline était sur la liste des belles à sacrifier... Elle a bien failli y passer !... Sans mon intervention..."

Suite de la dégustation

20 mai 2007

Contes et récits de Maître Spazi - 1. Piccolo le Fou Triste. Filippi, Cécil & Chagnaud


Le roi Hilaro doit faire face à un drôle de souci pas très marrant. Son fou Piccolo est devenu triste. Il doit lui faire retrouver son rire et ses sourires...

Hilaro : "PICCOLO, C'EST MOI ! Je peux entrer ? Il faut que tu viennes avec moi !

Piccolo : Euh... Oui... Enfin... Je n'ai pas vraiment faim vous savez.

Hilaro : On s'en fiche ! Il faut que tu viennes avec moi, je te dis !

[Après une petite trotte à travers le palais, ils arrivent derrière le trône du roi, avant de s'enfoncer dans un long escalier en tortillons]

Hilaro : Tu vois, c'est là. Je suis le seul à connaître cette porte. C'est mon passage secret ! Entrons vite ! Puisque tu m'y obliges, je vais utiliser les grands moyens et on va bien voir, mille râteaux à coulisses...

Piccolo : En tout cas, pour le moment, on n'y voit goutte !

Hilaro : Je vais faire appel à mon serviteur le plus dévoué et le plus raffiné pour te faire craquer...

Piccolo : Oui, ben tombez pas parce que j'ai pas envie de rester coincé ici, moi ! Dites donc, c'est encore loin ?

Hilaro : Patience ! Nous arrivons, je les entends respirer... Je sais que tout le monde me l'envie en secret ! Car il est UNIQUE !

[Ils arrivent devant une porte gardée par deux immenses dragons]

Piccolo : Euh, vos bestiaux, là, ils sont dressés au moins ? C'est que je suis allergique aux morsures de dragons, moi ! Tout doux là... Il est mignon... Couché, gentil lézard !

Hilaro : Mais oui, moi aussi je t'aime PALSANGUDE, mais laisse-moi ouvrir maintenant. Suis-moi Piccolo, je vais te présenter à LUI !... ...MON FABRIQUANT DE JOUETS !!!"

Suite de la dégustation

19 mai 2007

Loin d'ici avec les pingouins. Vivien Kelly


Instructions à suivre en cas de mort présumée de Leonard Glass

"1. Placez un morceau de papier sur mes lèvres et laissez-le pendant quelques minutes. Observez-le avec attention, jusqu'à en avoir mal aux yeux. S'il bouge, si peu que ce soit, et même si vous pensez que c'est peut-être un souffle d'air, alors il existe un doute quant à mon état physique ;
2. Croisez ma jambe droite sur ma jambe gauche à hauteur du genou. Prenez un livre cartonné peu épais (je recommande Configuration de l'hémisphère Sud par P.H. Hamilton) et tapez le dos de l'ouvrage contre ma jambe droite, à un point situé juste au-dessous de la rotule. Tapez au moins dix fois, en changeant de point de contact à chaque fois. Observez avec soin si mon pied droit effectue le moindre mouvement ou est agité du plus petit spasme ;
3. Il y a une torche par terre à gauche de mon lit. Prenez-là, soulevez mes paupières l'une après l'autre et braquez le rayon de la torche sur chacun de mes yeux. Guettez attentivement la moindre contraction/dilatation de la pupille ;
[...]
5. Mettez en marche mon gramophone. Cela risque d'être un peu compliqué parce qu'il faudra sans doute débrancher le téléviseur pour brancher le gramophone. Je me suis rendu compte que la meilleur position pour ce faire est de se tenir debout aussi près que possible du mur et de glisser le bras derrière le piano pour atteindre la prise, en maintenant le bras bien droit et en appuyant la joue gauche contre le mur.
Une fois le gramophone allumé, choisissez les Bis de David Oistrakh, face 1, deuxième plage. Le morceau s'intitule "Jota", c'est la quatrième des 7 Canciones populares de Manuel de Falla. Vérifiez le réglage des basses et des aigus. Tournez le bouton du volume sur 7, et laissez le morceau jouer jusqu'à la fin. Observez-moi ! Si vous constatez le moindre mouvement, il existe un doute ! Rappelez-vous : un résultat négatif ne signifie rien ! ;
6. Ouvrez les fenêtres du salon. [...] Ouvrez-les en grand, quels que soient l'heure et le temps à l'extérieur, et assurez-vous que la porte de la pièce est ouverte aussi. Laissez-les ouvertes pendant un quart d'heure. Guettez les signes de froid sur mon corps ;
7. Arrachez une feuille de journal dans la pile sur le dessus du piano. Pliez-la en diagonale et formez des sections de deux centimètres et demi environ, de façon à obtenir une sorte de tige plate. Enflammez-la à un bout avec une allumette, approchez-la de mon visage et posez-la sur le bout de mon nez. Observez attentivement si la peau réagit. Le moindre signe de rougeur ou de boursouflure signifie que je suis toujours de ce monde et que je ne dois pas être enterré ;
8. Si toutes les opérations ci-dessus s'avèrent sans résultat, ne renoncez pas ! Des résultats positifs prouvent que je suis vivant, mais des résultats négatifs ne signifient pas nécessairement que je suis mort. Faites venir un médecin, puis un deuxième.
9. Quand vous serez certains, alors je serai rassuré."


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3 mai 2007

Magasin Général - 2. Serge. Loisel & Tripp


Dans les années 30 au Québec.Ti-Guy essaie de réparer la moto de Serge Brouillet, coincé par la neige dans le village.

Ti-Guy : "GGNNIIIII.... Tabarouette ! C'est bloqué en mautadit !!

*CHLAC* [Ti-Guy se coupe la main]

Ti-Guy : OUAÏLLE !! HOSTIE D'CÂLISSE ! GGNIII... C... CRIIS' DE TABARNAC DE MAUDITE MACHINE A MARDE !

Le curé : Mon fils, mon fils, il y a des enfants !

Ti-Guy : 'scusez mon père, mais ça fait mal en cibolle...

Le curé : Ailloille, vous vous êtes pas manqué mon fils.

Adèle : Ti-Guy, faut qu't'ailles voir Grand-Môman elle a un onguent pour cicatriser.

Noël : Coudonc y s'passe quoi icitte ?

Gaëtan : Howowo ! Ti-Guy s'est fait mal Pôpa !!

Noël : !! AH NON ! LE COCHON !!!

Serge : Le cochon ? Quoi le cochon ?

Ti-Guy : Le cochon des Roberge !!!

Ferdinand : Simonac, comment on va faire ?

Noël : On est dans marde !

Serge : ? .. E... Euh excusez-moi...J..Je...Je ne voudrais pas me montrer indiscret, mais je ne vois pas bien le rapport...

Noël : Ben on tue le cochon demain matin chez les Roberge...

Ferdinand : Et c'est la job de Ti-Guy, ça...

Ti-Guy : Ouains... 'y a juste moi qui sais le saigner et le débiter..."

Suite de la dégustation

27 avril 2007

Thornytorinx. Camille de Peretti


"Je n'ai pas été travailler ce jour-là. Allongée sur mon futon, les yeux attaqués par de petites sauterelles dont je ne parvenais pas à me défaire, j'attendais que mon corps se désagrège. Mes globes oculaires avaient beau se moquer de moi, je savais bien que rien de cela n'était réel. J'hallucinais des moustiques. L'effroi a vite fait place à l'énervement. Je voulais juste qu'ils arrêtent de s'agiter comme ça autour de moi. J'ai vomi ma bouillie de riz sous le regard de ma petite mère japonaise qui se tordait les mains de douleur et d'impuissance. J'étais ravie de vomir en public.

Mon stage s'est terminé le lendemain. L'Hirakata International Association m'a offert un horrible porte-clefs en argent massif en signe d'amitié éternelle que j'ai jeté dans la première poubelle. Dans ma fièvre, je n'avais réussi à perdre qu'un seul misérable kilo. Consciente de mon échec, j'ai invité ma vieille veuve au restaurant, et je lui ai dit que j'allais mieux et qu'elle s'était bien occupée de moi. Elle était triste que je parte, je crois, mais on ne lui avait jamais appris à faire dans le lyrique.

Je me suis épilée, j'ai fait mes valises et je suis rentrée à Paris."


"Il y a un phénomène de masse chez nos cruches d'adolescentes, elles veulent toutes devenir des stars. Accusons donc les médias et la télé-réalité. Il y avait un phénomèn de masse au XVIIIe siècle, toutes les jeunes filles rêvaient de se choper un prince. Accusons le machisme des temps, qui voulait qu'une ne puisse y arriver autrement que par le mariage. La fin reste inchangée, s'élever dans les airs et être reconnue comme être d'exception. Etre belle ou mince, peu importe, du moment que l'on est admirée. Et moi qui allais bientôt me mettre deux doigts au fond de la gorge pour me persuader que j'étais plus forte que les autres, j'étais si banale."

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26 avril 2007

L'Architecte du Désastre. Xavier Hanotte


"A son sujet, le mot "beauté" ne venait pas tout de suite à l'esprit. "Force", en revanche, s'imposait d'emblée. Néanmoins, cet édifice n'avait rien de commun avec les palais qui, dans l'Allemagne nouvelle, sortaient de terre en s'appuyant sur le même mot. Ici, sans rien abandonner de sa puissance, la Justice se voulait malgré tout bonne fille. Qu'une société eût d'ailleurs construit pareil temple pour l'abriter et l'exalter -- sinon son idée, du moins sa pratique -- et non pour y faire rugir un Peuple, un Guide ou les deux à la fois, semblait un anachronisme étrange, un défi jeté aux temps présents et, de ce fait, promis à la disparition."

"J'aurais dû monter à l'arrière mais, selon moi, jamais les privilèges liés au grade n'avaient aboli le ridicule de certaines situations. Jouer les condottieres à bord d'une petite Kübelwagen pétaradante, surtout décapotée, faisait appel à un sens de l'humour que j'avais perdu. En tout cas, si ce produit du génie aryen remplissait un jour, sous des atours plus civils, sa mission annoncée de voiture du Peuple, on pouvait escompter avant mille ans un durcissement des postérieurs allemands propre à réjouir les eugénistes au pouvoir."

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19 avril 2007

Une Enfance Africaine. Stefanie Zweig


"Il était agréable d'être assis tranquillement et d'avaler le soleil ; il était encore plus agréable d'écouter le bwana raconter les choses qui, poussées par le tremblement léger sortant de la kinanda, aussi léger que les gouttes de la dernière heure du jour, filtraient entre ses doigts. Les conversations offraient alors le même enchantement que la terre assoiffée, après la première nuit des grandes pluies. Durant ces heures auxquelles Kimani aspirait davantage qu'à un repas pour son ventre ou à la chaleur pour ses os douloureux, il avait l'impression que les arbres, les plantes et même le temps, impossible à toucher, avaient mâché des grains de poivre pour qu'on arrive à mieux les sentir sur sa langue."

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16 avril 2007

Les Cerfs-Volants de Kaboul. Khaled Hosseini


"A la fin des années soixante, alors que j'avais cinq ou six ans, Baba décida de bâtir un orphelinat. Je tiens cette histoire de Rahim khan, qui me raconta comment, bien qu'il n'eût aucune expérience en la matière, mon père traça lui-même les plans du bâtiment. Les sceptiques tentèrent de le raisonner et le pressrent d'engager un architecte. Il refusa bien sûr, et chacun secoua la tête avec consternation devant son entêtement. Puis il mena son projet à bien, et chacun hocha cette fois la tête avec respect devant son air triomphant. Baba finança personnellement la construction d'un édifice d'un étage, à deux pas de l'avenue Jadeh-Maywand, au sud de la rivière de Kaboul. Toujours selon Rahim khan, il paya tout de sa poche - les ingénieurs, les électriciens, les plombiers et les ouvriers, sans parler des autorités municipales, à qui il convenait de "graisser la patte".

"La construction de l'orphelinat dura trois ans. J'avais huit ans à la fin des travaux. Je me souviens que, le jour précédant l'inauguration, Baba m'emmena au bord du lac Kargha, à quelques kilomètres au nord de Kaboul. Avant de partir, il voulut m'envoyer chercher Hassan, mais je mentis en prétendant qu'il avait la courante. Je voulais mon père pour moi tout seul. Lors d'une excursion à cet endroit, Hassan et moi nous étions amusés à lancer des cailloux et lui avait réussi huit ricochets alors que je n'en avais pas totalisé plus de cinq. Baba avait tapoté Hassan dans le dos. Il lui avait même passé un bras autour des épaules."

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15 avril 2007

Paradis ! Paradis ! Gilles Laurendon


"Les gens, me dit Simon, pensaient à l'époque où commence notre aventure que la terre était plate et close à ses extrémités ; les étoiles étaient fixées comme des clous dans la sphère céleste. La religion chrétienne avait clos le monde et avec lui le débat autrefois si vigoureux des penseurs grecs sur l'infinitude de l'espace. On était bien loin d'Anaximandre ! Certains théologiens affirmaient pourtant que le Paradis existait sur la Terre et non au Ciel. On pouvait y accéder après une longue navigation. Mais ce Paradis n'était visible que pour des hommes ayant le coeur pur. Sinon, ils étaient condamnés à errer jusqu'à la fin des Temps, jusqu'au Jugement Dernier ou bien ils périssaient brutalement dans l'Abîme et payaient d'un éternel séjour en enfer leur impardonnable témérité. C'était ça qui fascinait Simon, l'idée que le Paradis existait sur Terre et que la pureté des coeurs pouvait seule en révéler l'accès ! Imaginez un peu, Tomas, des hommes capables de se lancer sur des mers inconnues et redoutables avec la seule force de leur foi et sur un bateau grand comme une coquille de noix !"

"Sa grand-mère lui a dit : Chante Oona, chante ne joue pas d'un instrument, chante ma Ounia chérie. Tu as une si bele voix. Avec ta voix d'or, tu pourras chanter partout. Tu n'auras pas à redouter les frontières. Tu ne crains rien, Oona, mais promets-moi, surtout, n'apprend pas à jouer d'un instrument. Juste à chanter et à te taire quand il faut. Ton grand-père serait encore vivant s'il avait su chanter et se taire quand il faut.
L'histoire de la mort de son grand-père, Oona la connaît par coeur. Sa grand-mère passe son temps à la ressasser. Il l'avait enlevée en pleine nuit alors qu'ils ne se connaissaient que de la veille. Il avait donné un concert avec ses musiciens pour un mariage. Et voilà que le hasard bleu lui brouille le coeur et l'âme à la jeune et belle gagaouze. Au coeur de la nuit, elle a tout quitté, son village, sa famille, sa vie, sa langue, sa religion même, mais on peut prier Dieu de bien des façons, Oona, pour suivre cet inconnu à moustaches qui lui a tourné la tête avec son violon. Elle l'a épousé, deux jours plus tard, lui, le rrom que l'on maudit encore dans le village et pour combien de générations encore ? Elle a épousé sa musique, sa langue, son histoire ; son âme appartient maintenant sang pour sang à cette lignée de musiciens faroucehs et fiers et plus libres que le vent.
Ton grand-père, c'était un homme vrai, Oona. Il était connu de tout le monde, il était ami avec tout le monde. Bien sûr que je suis leur ami, disait-il, je joue et voilà qu'ils chantent, je joue et voilà qu'ils dansent. Dans le coeur des hommes, il y a toujours de la place pour la musique."

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14 avril 2007

La Nef des Fous - 6. Les Chemins énigmatiques. Turf


Baltimore et le Sergent, gardiens du palais, tentent de sortir d'un souterrain en compagnie de leur chien Igor.

Baltimore : "Hé, dites donc, ça grimpe !


Le Sergent : Vous l'avez dit, mon petit. C'est un sacré souterrain ascensionnel !


Baltimore : Ben moi je n'ai plus de jambes. Si on s'asseyait un peu ?!...


Le Sergent : Pas le temps, Baltimore ! Poursuivons notre progression ! Hop ! Hop ! Hop !


Baltimore : Euh... Sergent ?... Vous savez où est Igor ?


Le Sergent : Pourquoi ? Il n'est pas derrière vous ?


Baltimore : Ben non, je le croyais devant avec vous !


Le Sergent : Ca alors, nous l'avons égaré ! C'est funeste, ça ! Houlàlà !... Le chien du Roy ça craint quand même un peu !


Baltimore : Nous n'avons qu'à passer sous silence cet épisode de notre enquête.


Le Sergent : Ce n'est pas très réglementaire. Mais cela reste la seule option envisageable. Allez, pressons-nous. Le temps nous est compté !"


Suite de la dégustation

10 avril 2007

Le Chameau Sauvage. Philippe Jaenada


"Un moment plus tard, j'ai commencé à m'inquiéter : car j'ai entendu de puissants coups de marteau qui provenaient de la cuisine. Je ne me suis pas levé tout de suite, non. il ne faut pas exagérer et avoir peur de tout. C'est tout moi, ça. Un rien et je m'affole. Ce vacarme assourdissant, ça ne veut pas forcément dire qu'elle est en train de détruire ma cuisine. Si on se fie aux apparences... Elle essaie peut-être simplement d'enlever le papier du petit-suisse. Quand on ne sait pas s'y prendre, on s'énerve, on cherche des solutions extrêmes. Mais Caracas s'était réveillée, évidemment - Cissé Sikhouna lui-même avait dû grommeler dans son sommeil -, et bien que je n'aie jamais eu l'occasion d'observer de près un chat d'appartement en présence d'un péril mortel, je me suis demandé si l'expression de Caracas ne reflétait pas quelque chose de ce genre-là : les yeux qui lui sortaient de la tête, les oreilles aplaties, le poil hérissé, les lèvres pincées. Dans la cuisine, les coups redoublaient d'intensité et ne ressemblaient pas tout à fait à des coups de marteau, en fin de compte : quelque chose de plus détraqué, de plus sauvage. Un peu comme si elle avait fait entrer par la fenêtre une équipe de démolisseurs des pays de l'Est."


"Au pire, comme je l'ai dit, je m'attendais à découvrir en ouvrant la porte cinq ou six colosses blonds en maillot de corps et en jean, les cheveux en brosse et les épaules luisantes, en train de démolir mon électroménager moderne à grands coups de masse et de pioche. Je n'étais pas loin. J'ouvre (la porte ne grince pas mais ça ne gâterait rien) et me retrouve face à la scène la plus abominable à laquelle puisse assister celui qui tient à sa cuisine comme à la prunelle de ses yeux (ce n'est pas mon cas, mais je projette - c'est pour la question dramatique (si j'écris : "J'ouvre et me retrouve face à une scène un peu contrariante", c'est la déception) (et puis j'aimais bien ma cuisine tout de même))."


1 avril 2007

Kafka sur le rivage. Haruki Murakami


"Autrefois, les êtres humains ne naissaient pas homme ou femme, mais homme/homme, homme/femme ou femme/femme. Autrement dit, il fallait deux personnes d'aujourd'hui pour en faire une seule. Tout le monde était satisfait comme ça, et la vie se déroulait paisiblement. Mais Dieu a pris une épée et a coupé tous les êtres en deux bien nettement, par le milieu. Résultat : il y a eu des hommes et des femmes, et les gens se sont mis à courir dans tous les sens toute leur vie à la recherche de leur moitié perdue."

"C'est l'histoire de deux guerriers qui se lient d'amitié et se jurent une fidélité fraternelle - un lien très important pour les samouraïs parce que être frères signifie être prêt à sacrifier sa vie pour l'autre. Les deux amis étaient chacun au service d'un seigneur différent. L'un d'eux écrivit à l'autre qu'il lui rendrait visite au moment de la floraison des chrysanthèmes, quoi qu'il advienne. L'ami répondit qu'il attendrait. Mais le premier se trouva pris dans un conflit de son fief, et fut mis aux arrêts par son seigneur. Il ne pouvait plus ni sortir ni même envoyer de lettre à l'extérieur. L'été s'acheva, l'automne vint, et avec lui la saison de la floraison des chrysanthèmes. Le samouraï ne pouvait honorer sa promesse. Or, pour un samouraï, une promesse est la chose la plus importante qui soit. Son honneur compte plus que sa propre vie. Le samouraï se fit donc hara-kiri et, devenu un esprit, parcourut les mille li qui le séparaient de la demeure de son ami. Ils parlèrent tout leur content en contemplant les chrysanthèmes, puis l'esprit disparut de la surface de la terre."

"Ce que Tchekhov voulait dire, c'est que la nécessité est un concept indépendant. La nécessité a une structure différente de la logique, de la morale ou de la signification. Sa fonction repose entièrement sur le rôle. Ce qui n'est pas indispensable n'a pas besoin d'exister. Ce qui a un rôle à jouer doit exister. C'est cela la dramaturgie."

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Mlle Saeki : "Ni toi ni moi ne sommes des métaphores.

Kafka : Je sais. Mais les métaphores permettent de réduire la distance qui nous sépare, vous et moi.

Elle sourit, la tête levée vers moi.

Mlle Saeki : C'est la phrase la plus étrange qu'un homme m'ait dite pour me séduire."

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Oshima : "Ce sac à dos est le symbole de ta liberté, non ? dit-il.

Kafka : Peut-être.

Oshima : Posséder un objet qui symbolise sa liberté peut rendre un homme plus heureux que la liberté elle-même."

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"J'ai l'impression d'être au bon endroit. Je ne me pose pas la question de savoir qui je suis au côté de Nakata. C'est sans doute exagéré, mais je me dis que les disciples du Bouddha ou du Christ devaient ressentir la même chose. Ils devaient penser : "Quand je suis avec Bouddha, je ne sais pas pourquoi, mais je me sens bien." C'est pour cette raison qu'ils sont devenus ses disciples, avant de se poser des questions compliquées sur la Doctrine ou la Vérité."

"Les souvenirs, c'est quelque chose qui vous réchauffe de l'intérieur. Et qui vous déchire le coeur en même temps."

30 mars 2007

Le Passant. Anne-Marie Langlois

"Eve finit par s'arrêter. Il la rejoignit et ils s'immobilisèrent. Elle lui montra le ciel, nomma les étoiles par leur nom africain.
- Sais-tu ministre, qu'au commencement du monde, en Mésopotamie, il y avait des copistes dont le seul travail, durant toute leur vie, était de reproduire sur des morceaux d'argile l'emplacement exact des astres ? Ils étaient convaincus que c'étaient les signes d'une écriture pratiquée par les habitants du ciel, et qu'ils apprendraient un jour à la déchiffrer. Il fallait que, ce jour venu, ils soient en possession de toute l'histoire racontée depuis le début. Est-ce que ce n'est pas merveilleux d'avoir cru cela ? Et si c'était en effet quelqu'un qui s'adressait désespérément à nous, du bout de l'infini ? Quelqu'un de très seul, qui s'ennuierait, et qui n'aurait que des étoiles sous la main ?"

29 mars 2007

De Cape et de Crocs - 1. Le Secret du Janissaire. Ayroles et Masbou


Seigneur Cénile : "Vous venez m'annoncer l'échec de votre mission, n'ayant trouvé aucun captif à bord du navire turc.


Don Lope : Si fait. Comment l'apprîtes-vous ?


Seigneur Cénile : Eh bien, je l'appris... En éventant l'épouvantable machination ourdie par mon fils, ce quasi-paricide et son valet démoniaque ! Ils n'ont jamais mis le pied sur cette stupide galère !"


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Séléné : "Sainte Marie mère de Dieu ! On se tue sous mon balcon !


Don Lope : Ca va Don Armando ? Vous vous en sortez ?


Armando : Ils sont encore un peu flous, mais je dégrise, je dégrise !


Don Lope : Rien de tel que... Mordious !


Séléné (du balcon) : Attention, monsieur ! Derrière vous !


Armando : Dégrisé, disais-je ? Que nenni ! Voilà que la tête me tourne derechef ! Je suis énivré, Madame, du plus doux des spiritueux : votre beauté !

Don Lope : Ah, ces français !"


Suite de la dégustation

Le Portrait de Dorian Gray. Oscar Wilde


"Le génie dure plus longtemps que la beauté. C'est ce qui justifie les soins que nous prenons tous pour pousser trop loin notre éducation."

"Les fidèles ne connaissent que le côté banal de l'amour : ce sont les volages qui en connaissent les tragédies."

"Il était toujours en retard par principe, son principe étant que la ponctualité vole du temps."

"C'était une femme bizarre dont les robes avaient toujours l'air d'avoir été dessinées avec rage et enfilées sous la tempête. Elle était généralement amoureuse de quelqu'un et, comme sa passion n'était jamais payée de retour, elle avait gardé toutes ses illusions."

"J'aime les hommes qui ont un avenir et les femmes qui ont un passé, répondit Lord Henry."

"- Etes-vous très amoureuse de lui ? demanda-t-il.

Elle ne répondit pas pendant quelque temps, restant là, debout, à regarder le paysage.

- Je voudrais bien le savoir, dit-elle enfin.

Il secoua la tête.

- Le savoir serait fatal. C'est l'incertitude qui nous charme. La brume embellit.

- On risque de s'y perdre."

Suite de la dégustation

La Chatte sur un toit brûlant. Tennessee Williams


Val : "Quand les gens disent que j'ai une drôle de conversation, vous savez ce qu'ils veulent dire ? Moi, je sais.

Lady : Quoi ?

Val : Je crois qu'ils veulent dire que je n'ai pas les deux pieds sur la terre.

Lady : Vous planez quelque part au-dessus.

Val : J'essaie. Vous savez, il y a une espèce d'oiseau qui n'a pas de pattes. Alors, il ne peut pas se poser et il passe toute sa vie à planer dans le ciel. C'est vrai. J'en ai vu un, une fois. Il était mort, il était tombé sur la terre. Il était bleu pâle, et il avait un corps si mince... pas plus gros que votre petit doigt. Et il était si léger dans le creux de ma main ; il ne pesait pas plus qu'une plume. Mais ses ailes s'étendaient... au moins comme ça. Elles étaient transparentes, de la couleur du ciel, et on pouvait voir à travers... C'est ce qu'on appelle couleur de protection, camouflage si vous voulez... On ne peut pas distinguer ces oiseaux du ciel, et c'est pourquoi les oiseaux de proie ne les attrapent jamais ; ils ne les voient même pas, au sommet du ciel, près du soleil.

Lady : Et qu'est-ce qui se passe quand le ciel est gris ?

Val : Quand le ciel est gris ? Ils volent si haut, que ces salauds d'oiseaux de proie en auraient le vertige... Mais ces petits oiseaux, qui n'ont pas de pattes, ils passent toute leur vie sur leurs ailes, ils dorment sur le vent... Oui, c'est comme ça qu'ils dorment... La nuit ils étalent leurs ailes et ils dorment sur le vent."

Suite de la dégustation

28 mars 2007

Les Jupiters Chauds. Elisa Brune


"Ce matin j'ai rencontré une fille qui est venue me présenter son travail de graphiste. Je ne connais rien d'elle que les dessins qu'elle m'a montrés. Elle croit peut-être aux OVNI ou au père Noël. Mais elle m'a raconté, comme on bavardait librement après sa présentation, qu'elle avait un rêve, une image forte qui la soutenait quand elle se sentait triste : elle rêvait de pouvoir éclater de rire avec le dalaï-lama. Effet thérapeutique garanti. J'ai trouvé cette idée formidable."

"Quand je lui ai proposé de prendre rendez-vous chez un dentiste pour remplir le vilain trou qu'il arbore à la place d'une molaire :
- Mon bonheur ne dépend pas d'une molaire.
On dirait qu'il met un point d'honneur à s'estimer capable de vivre à l'âge de bronze.
- L'homme était sûrement moins bête, dit-il, quand le marketing était moins intelligent."

"Je viens d'apprendre, par exemple, que plusieurs fois par jour la Lune est bombardée au moyen d'un faisceau laser dont le temps d'aller-retour, mesuré au dixième de picoseconde près, permet de calculer la distance Terre-Lune au centimètre près. Quatre réflecteurs laser ont été déposés sur la Lune par les missions spatiales Apollo XI, XIV, XV et Lunakhod 2, et une station de télémétrie terrestre envoie régulièrement un faisceau laser de forte puissance vers l'un ou l'autre de ces réflecteurs.
L'ensemble des mesures effectuées est disponible sur Internet à l'adresse : http://grasse.obs-azur.fr/cerga/laser/laslune/llr.htm, ce qui permet à n'importe quel citoyen de la planète (pour peu qu'il puisse approcher un ordinateur) de vérifier quotidiennement la distance Terre-Lune au centimètre près."

Suite de la dégustation