31 août 2007

Un aller simple. Didier van Cauwelaert


"Le jour où la Commission est venue à Vallon-Fleuri, ça s'est très bien passé. On a été gentils, on lui a offert le pastis pour calmer l'état de choc, parce qu'elle arrivait de chez les Comoriens de la Basse-Robière où elle avait reçu un frigo par la fenêtre. Un peu de musique, jazz manouche, flamenco, Gipsy Kings, et les nerfs se sont détendus. La Commission nous a remerciés de notre accueil. Elle a emporté les paniers que les enfants lui montraient, en croyant que c'était des cadeaux. Après, elle a déclaré aux actualités que les " Bohémiens " se sentaient mal intégrés dans leurs roulottes, et que toutes leurs difficultés venaient de là. Forcément, quand on ne connaît pas. A la place du hameau en ruine qu'on utilisait comme atelier de mécanique, ils nous ont bâti des maisons Bouygues.


On a été très contents. On les a laissés construire, sans voler de ciment sur le chantier, comme c'était pour nous et qu'on était pressés qu'ils terminent. Après les dernières finitions, ils sont revenus avec le préfet, la télé et le monsieur de chez Bouygues, pour nous remettre officiellement les clés : il n'y avait déjà plus de serrures. Il n'y avait plus de portes non plus, d'ailleurs, ni de fenêtres, ni d'éviers, ni de chiottes ; on avait tout désossé et revendu au détail. Il restait les tuiles, qu'on gardait pour l'hiver : les prix seraient plus hauts. Le monsieur de chez Bouygues tirait une tronche de déterré, et il a fait partir la télé, et le préfet ne savait plus où se mettre. Mais on était contents des pavillons, quand même, fallait pas croire : c'était joli, comme vue, par la fenêtre des caravanes. Ca faisait environnement, on disait pour les flatter. On a répété nos félicitations et je vous en prie, le buffet est ouvert.


Ils n'ont rien bu du vin d'honneur qu'on leur avait préparé, avec des produits de chez eux pour leur rendre hommage, piqués spécialement au dépôt Fauchon de Marignane. On est restés tout bêtes après leur départ, avec nos tonnes d'oeufs en gelée et de quiches au saumon. On s'est forcés à manger, mais on était déçus."



27 août 2007

Model - 2. Marie. Lee So Young



Le vampire Muriel accueille la jeune peintre Jiyae dans sa demeure afin qu'elle réalise le portrait de l'ancien artiste, devenu mort-vivant...

Muriel : Voilà ce que je suis devenu. Tous ceux qui me passent commande pressentent qu'ils vont bientôt mourir. Alors ils comptent sur moi pour réaliser leur portrait de l'au-delà. ... Souviens-toi de ... l'ultime soirée.

Jiyae : C'était donc cela... la signification de cette petite fête ? (Reste calme) Elles ont payé de leur vie ce tableau. (Surtout reste calme) Ainsi...

Muriel : Tss, ne te méprends pas. Evidemment mes honoraires ne sont pas donnés. Mais je n'ai jamais pris la vie de quiconque pour le prix de mes services. Je suis un messager, et non un assassin. Ces trois femmes étaient loin d'être fortunées. C'est pour cela que j'ai accepté leur sang en guise de paiement.

Jiyae : Mais alors...

Muriel : Elles se sont données la mort. Qu'il s'agisse d'un accident ou d'un suicide, les circonstances de la mort de mes clients ne me regardent pas. Même si je savais que ces femmes avaient l'intention de se suicider, je n'avais pas le droit d'intervenir. Ce n'est pas le rôle d'un peintre. Et qui viendrait m'accuser de non-assistance à personne en danger ? Ha ha ! Ha ha ha...

Jiyae : (Je sens mon coeur se serrer. Son rire me fait mal. Je crois qu'à partir d'aujourd'hui, je vais pouvoir commencer son portrait. Ce rire si triste... sera le point de départ de mon inspiration)

21 août 2007

Comment échapper à sa femme et ses quadruplées en épousant une théorie marxiste - Wilt 4. Tom Sharpe


"Les deux hommes branchèrent la vidéosurveillance sur les quadruplées. Elles étaient occupées à noter en détail dans leur cahier de devoirs de vacances le comportement sexuel de l'oncle et de la tante Immelmann, pour le rapport sur la culture américaine demandé par leur professeur en Angleterre.

-- Comment on écrit "sodomiser" ? s'enquit Emmeline.

-- "Sodo" et "miser", lui dit Samantha.

-- Je trouve oncle Wally vachement sexiste. Parler comme ça de la foufoune de tante Joan, c'est affreux.

-- Mais oncle Wally est un affreux et un nul. Ils sont hypernuls tous les deux. Tous ces trucs qu'il nous a racontés sur la guerre, ces Japs qu'on rôtit avec ce machin qui crache du feu... Comment il a dit, déjà ?

-- Un barbecue et des dindes flambées qui dansent, lui souffla Josephine.

-- Beurk, c'est horrible ! Je ne pourrai plus jamais manger de dinde de ma vie. Je penserai toujours à ces petits Japonais.

-- Tous les Japonais ne sont pas petits, fit remarquer Penelope. Ils ont des catcheurs horriblement gras.

-- Comme tante Joan, approuva Samantha. Elle est dégoûtante !

Dans la camionnette de surveillance, Murphy et Palowski approuvèrent d'un hochement de tête.

La remarque suivante leur parut assez intrigante.

-- Je ne sais pas pourquoi on se fatigue à écrire tout ça, puisqu'on a toutes les preuves sur la bande.

-- Miss Sprockett piquerait une crise si on la passait en classe. Cette gouine macho ne le supporterait pas. J'ai hâte d'entendre ses commentaires sur oncle Wally.

-- Dommage qu'on n'ait pas pu filmer la scène, dit Emmeline. Oncle Wally cherchant le machin de la tante et atterrissant dans son trou de balle, ça vaudrait une fortune !"