26 juin 2007

Madame Piquedru la Blanchisseuse. Beatrix Potter


"Lucie grimpa sur un petit mur de pierre et porta son regard vers les collines qui s'élevaient au loin, très haut, si haut que leur sommet se perdait dans les nuages.
Et sur le flanc de la colline, Lucie crut apercevoir des choses blanches étalées sur l'herbe.
Alors, elle grimpa sur la colline aussi vite que ses petites jambes potelées pouvaient la porter. Elle courait le long d'un sentier -- montant, montant, montant encore -- et Petite-Ville était à présent loin au-dessous d'elle. Elle aurait pu jeter un caillou dans la cheminée.
Bientôt, elle atteignit une source d'eau claire qui jaillissait au flanc de la colline.
Quelqu'un avait posé un seau sur une pierre pour y recueillir de l'eau mais le seau débordait déjà, car il n'était pas plus grand qu'un coquetier. Aux abords de la source, là où le sable était humide, on pouvait distinguer des traces de pas toutes petites qui avaient dû être laissées par quelqu'un de minuscule.
Lucie s'empressa de les suivre. Le sentier se terminait sous un gros rocher. Alentour, l'herbe était soigneusement coupée et d'un vert éclatant. Et dans cette herbe étaient plantées des tiges de fougère qui soutenaient une corde à linge en paille tressée. A côté étaient empilés des vêtements et des pinces à linge minuscules, mais Lucie ne vit pas de mouchoirs.
En revanche, il y avait une porte au bout du sentier. Une petite porte aménagée dans le flanc de la colline. Et derrière cette porte, quelqu'un chantait :

Blanc comme lis et tout propret
Sans tâche aucune au grand jamais
Lave le linge à l'eau clairette
Lave jabots et collerettes"

23 juin 2007

Harry Potter et la Chambre des Secrets. J.K. Rowling


"Le professeur McGonagall frappa à la porte qui s'ouvrit silencieusement. Lorsqu'ils l'eurent franchie, Mc Gonagall ordonna à Harry de l'attendre et le laissa seul.

Harry jeta un oeil autour de lui. De tous les bureaux de professeurs qu'il avait eu l'occasion de visiter cette année, celui de Dumbledore était de loin le plus intéressant. S'il n'avait pas eu si peur d'être renvoyé, il aurait eu plaisir à se trouver là.

C'était une belle et grande pièce circulaire pleine de petits bruits bizarres. Posés sur des tables, d'étranges instruments en argent bourdonnaient en émettant de petits nuages de fumée. Les murs étaient recouverts de portraits d'anciens directeurs et directrices qui somnolaient tranquillement dans leurs cadres. Il y avait également un énorme bureau aux pieds en forme de serres et derrière, sur une étagère, un chapeau pointu, usé et rapiécé : le Choixpeau magique.

[...]

Le chapeau ne bougea pas. Harry fit un pas en arrière et le regarda. Un étrange caquètement, comme une sorte d'éructation, retentit alors derrière lui. Il se retourna et s'aperçut qu'il n'était pas tout seul. Debout sur un perchoir en or posé derrière la porte, il vit un oiseau d'aspect misérable qui avait l'air d'une dinde à moitié plumée. L'oiseau jeta à Harry un regard mauvais en lançant à nouveau son caquètement. L'animal avait l'air très malade. Il avait le regard vitreux et Harry vit tomber deux de ses plumes.

Dans sa situation, Harry n'avait vraiment pas envie qu'en plus, l'oiseau de Dumbledore meure en sa présence. A peine avait-il eu cette pensée que l'oiseau s'embrasa soudain dans un jaillissement de flammes.

Harry laissa échapper un cri d'horreur et recula en se cognant contre le bureau. Il regarda fébrilement autour de lui en quête d'un verre d'eau mais ne trouva rien. Pendant ce temps, l'oiseau s'était transformé en une véritable boule de feu. L'animal poussa un cri perçant et bientôt, il ne resta plus de lui qu'un petit tas de cendres fumantes tombées sur le sol.

La porte du bureau s'ouvrit et Dumbledore entra, l'air très sombre.

- Professeur, balbutia Harry, votre oiseau... Je n'ai rien pu faire... Il a pris feu...

A la grande surprise de Harry, Dumbledore sourit.

- Le moment était venu, dit-il. Il avait une mine épouvantable, ces derniers temps. Je lui ai dit qu'il fallait faire quelque chose.

Le visage stupéfait de Harry le fit glousser de rire.

-Fumseck est un phénix, Harry. Au moment de leur mort, les phénix s'enflamment et ils renaissent ensuite de leurs cendres. Regarde...

Harry vit alors un minuscule oisillon tout fripé sortir sa tête au milieu du tas de cendres. Il était tout aussi laid que le vieil oiseau."


"- Il m'a envoyé à Gryffondor parce que j'ai demandé à ne pas aller chez les Serpentard, répondit Harry d'une voix défaite.

- Exactement, dit Dumbledore avec un grand sourire. Ce qui te rend très différent de Tom Jedusor. Ce sont nos choix, Harry, qui montrent ce que nous sommes vraiment, beaucoup plus que nos aptitudes."


Suite de la dégustation

22 juin 2007

Les Contes du Korrigan - Livre Second. Les Mille Visages du Diable. E. & R. Le Breton, Debois, Istin, Gaéta, Michel & Lapeyre


Au milieu de la nuit, au coeur des bois, les korrigans dansent gaiement la farandole tandis que leur chef Barba Gwenn conte une histoire aux plus jeunes.

Barba Gwenn : "Vous savez qui a bâti le dolmen de la Roche aux Fées ?...

Les jeunes Korrigans en choeur : ... C'est la Fée Fulenn.

Barba Gwenn : Ce ne fut pas une sinécure, croyez-moi. Elle devait porter trois pierres à la fois. Et si un rocher venait à tomber, le Diable s'en emparait. La malheureuse devait alors recommencer son exploit depuis le début...

[Le Diable justement fait son apparition dans un grand fracas, jets de pierres, fumée de souffre et tout le tralala]

Barba Gwenn : Hum... Hum... Voilà le Cornik...

Le Diable : J'en ai assez de vos coups de pieds au-dessus de ma tête ! On ne peut plus gouverner sous terre sans être dérangé par vos bruyantes sarabandes ! Et puis les temps ont changé... Je suis la nouvelle foi, vous êtes celle du passé ! Du balai ! Désormais la Roche aux Fées m'appartient ! J'en ferai une bouche infernale pour mes légions démoniaques ! Qu'avez-vous à répondre nabots ?

Un Korrigan : Retourne chez toi et va te faire cuire un damné !

Le Diable : Quoi ?! Vous osez vous moquez de ma puissance infernale ?! Nains grotesques et sans avenir !!

Barba Gwenn : Du calme, compère, tu ne penses pas que tu vas un peu vite en besogne ?

Le Diable : Comment ça ? Sache, Barba Gwenn, que c'est votre intervention dans mes affaires qui commence à me taper sur les cornes !

Barba Gwenn : Je comprends ta colère, compère, mais n'oublie pas qui tu es... S'il y a des lois pour le monde des mortels, il y en a également pour les immortels...

Le Diable : Tu parles bien mais ton discours est sinueux. Où veux-tu en venir ? Ma patience est aussi mince que ton ventre est rebondi !

Barba Gwenn : Eh bien, notre tradition exige un défi en bonne et due forme. Je te propose trois épreuves pour les trois prochaines saisons... Si au final tu l'emportes, le domaine de la Roche aux Fées sera tien ; en revanche, si nous gagnons, tu laisseras ce rocher et ses habitants en paix pour les siècles des siècles..."

Suite de la dégustation

14 juin 2007

The Spiderwick Chronicles - Book 1. The Field Guide. Tony Di Terlizzi & Holly Black



Chapter Three - In Which There Are Many Riddles

"Jared looked around the room. It was a smallish library, with one huge desk in the center. On it was an open book and a pair of old-fashioned, round glasses that caught the candlelight. Jared walked closer. The dim glow illuminated one title at a time as he scanned the shelves. They were all strange: A Historie of Scottish Dwarves, A Compendium of Brownie Visitations from Around the World, and Anatomy of Insects and Other Flying Creatures.
A collection of glass jars containing berries, dried plants, and one filled with dull river stones sat at the edge of the desk. Nearby, a watercolor sketch showed a little girl and a man playing on the lawn. Jared's eyes fell on a note tossed on top of an open book, both coated in a thin layer of dust. The paper was yellowed with age, but handwritten on it was a strange little poem:

In a man's torso you will find

My secret to all mankind

If false and true can be the same

You will soon know of my fame

Up and up and up again

Good luck dear friend"

" "Mallory! Let go of your brother!" Their mother was standing at the top of the narrow kitchen stairs wearing a less-than-pleased expression"

" "Let's see this house," Mallory said. She and Simon followed Jared into the hall, and he showed it to them.


It was made from a wooden birdhouse large enough for a crow to roost in. Jared had found it among the ones hung in the attic. Sliding up the back, he showed them how he had arranged everything except the cockroaches neatly inside. On the walls, he had taped up the newspaper words and also a few small pictures from magazines."

13 juin 2007

Tokyo Blues. Barry Eisler


"Murakami avait besoin de se battre. Bon sang, le Pride ne lui suffisait pas. Il lui fallait plus. Et il ne faisait pas ça pour l'argent. Entre les promotions et les démonstrations, le Pride devait rapporter beaucoup plus, aux gagnants comme aux perdants.
Non. Le moteur de ce type n'était pas le fric. C'était l'excitation. La proximité de la mort. L'espèce d'euphorie qui ne peut s'éprouver qu'en tuant un homme qui fait lui-même tout ce qui est en son pouvoir pour vous tuer.
Cette sensation, je la connais bien. Elle me fascine et me répugne à la fois. Pour certains hommes, ils sont très rares, qui ne peuvent vivre leur vie et suivre leurs penchants naturels qu'en devenant les plus durs des plus irréductibles mercenaires, ça devient comme une drogue.
Ces hommes-là vivent pour tuer. Tuer est la seule chose qui les fasse vibrer.
J'en ai connu un. Mon frère de sang, Crazy Jake.
Je me souvenais comment Jake déraillait quand il rentrait d'une mission. Il était cramoisi, et ce n'était pas seulement son humeur mais tout son métabolisme qui s'échauffait et s'emballait. On voyait des ondes de chaleur s'échapper de son corps. Dans ces moments-là, et dans ces moments-là seulement, il devenait bavard. Il racontait sa mission, les yeux injectés de sang, la bouche tordue par un sourire de fou.
Puis il exhibait ses trophées. Des scalps et des oreilles. Des trophées qui claironnaient : Ils sont morts ! Je suis vivant !
A Saigon, il payait des tournées de bière à la ronde. S'offrait des putes. Organisait des fiestas. Il lui fallait s'entourer d'un maximum de monde pour fêter ça. Je suis vivant ! Ils sont morts et moi, putain, je suis en vie !"

Suite de la dégustation

6 juin 2007

Geisha. Arthur Golden


"Pour clore la matinée, j'étudiais la cérémonie du thé. On a écrit maints ouvrages sur le sujet, aussi ne vais-je pas entrer dans les détails. Pour l'essentiel, sachez que la cérémonie du thé est célébrée par une ou deux officiantes. Assises devant leurs invités, elles préparent le thé de façon traditionnelle. Elles utilisent de jolies tasses, des fouets en bambou. Même les invités s'intègrent au rituel, car il y a une façon de tenir sa tasse, et une façon de boire le thé. Ne pensez pas que l'on s'assoie pour boire une tasse de thé. Il s'agit davantage d'une danse, d'une méditation, qui se pratique assis sur ses talons. Le thé - des feuilles réduites en poudre - sera battu dans l'eau bouillante jusqu'à former un breuvage vert et mousseux, ou "matcha", très peu apprécié des étrangers. Ce thé ressemble à de l'eau savonneuse de couleur verte. Il a un goût amer, auquel il faut s'habituer."

"Aussi continuai-je à servir du thé, jusqu'au moment où Mameha estima que j'exposais mon bras avec le naturel requis. Il ne s'agissait pas de remonter ma manche jusqu'au coude, c'eût été ridicule, mais d'écarter cette manche avec désinvolture, et de profiter de l'occasion pour montrer quelques centimètres de chair supplémentaires. D'après Mameha, la partie interne de l'avant-bras étant la plus émouvante, j'allais devoir m'arranger pour que les hommes l'entrevissent.

Elle me demanda de recommencer, en imaginant cette fois que je servais le thé à la maîtresse de l'Ichiriki. Je découvris mon bras de la même façon que tout à l'heure. Mameha fit la grimace.

- Enfin Sayuri, je suis une femme ! s'écria-t-elle. Pourquoi exhibes-tu ton bras comme ça ? Tu essaies probablement de me rendre jalouse ?

- De vous rendre jalouse ?

- Que pourrais-je penser d'autre ? Tu me montres combien tu es jeune et belle, alors que je suis déjà vieille et décrépite. A moins que tu n'aies voulu être obscène...
- Obscène ?

- Pourquoi aurais-tu exposé le dessous de ton bras avec une telle ostentation ? Tu pourrais aussi bien me montrer la plante de ton pied ou l'intérieur de ta cuisse. Si je vois un bout de chair par hasard, ça va. Mais me montrer ton bras de façon aussi ostentatoire !"