13 juin 2007

Tokyo Blues. Barry Eisler


"Murakami avait besoin de se battre. Bon sang, le Pride ne lui suffisait pas. Il lui fallait plus. Et il ne faisait pas ça pour l'argent. Entre les promotions et les démonstrations, le Pride devait rapporter beaucoup plus, aux gagnants comme aux perdants.
Non. Le moteur de ce type n'était pas le fric. C'était l'excitation. La proximité de la mort. L'espèce d'euphorie qui ne peut s'éprouver qu'en tuant un homme qui fait lui-même tout ce qui est en son pouvoir pour vous tuer.
Cette sensation, je la connais bien. Elle me fascine et me répugne à la fois. Pour certains hommes, ils sont très rares, qui ne peuvent vivre leur vie et suivre leurs penchants naturels qu'en devenant les plus durs des plus irréductibles mercenaires, ça devient comme une drogue.
Ces hommes-là vivent pour tuer. Tuer est la seule chose qui les fasse vibrer.
J'en ai connu un. Mon frère de sang, Crazy Jake.
Je me souvenais comment Jake déraillait quand il rentrait d'une mission. Il était cramoisi, et ce n'était pas seulement son humeur mais tout son métabolisme qui s'échauffait et s'emballait. On voyait des ondes de chaleur s'échapper de son corps. Dans ces moments-là, et dans ces moments-là seulement, il devenait bavard. Il racontait sa mission, les yeux injectés de sang, la bouche tordue par un sourire de fou.
Puis il exhibait ses trophées. Des scalps et des oreilles. Des trophées qui claironnaient : Ils sont morts ! Je suis vivant !
A Saigon, il payait des tournées de bière à la ronde. S'offrait des putes. Organisait des fiestas. Il lui fallait s'entourer d'un maximum de monde pour fêter ça. Je suis vivant ! Ils sont morts et moi, putain, je suis en vie !"

Suite de la dégustation

Aucun commentaire: