10 avril 2007

Le Chameau Sauvage. Philippe Jaenada


"Un moment plus tard, j'ai commencé à m'inquiéter : car j'ai entendu de puissants coups de marteau qui provenaient de la cuisine. Je ne me suis pas levé tout de suite, non. il ne faut pas exagérer et avoir peur de tout. C'est tout moi, ça. Un rien et je m'affole. Ce vacarme assourdissant, ça ne veut pas forcément dire qu'elle est en train de détruire ma cuisine. Si on se fie aux apparences... Elle essaie peut-être simplement d'enlever le papier du petit-suisse. Quand on ne sait pas s'y prendre, on s'énerve, on cherche des solutions extrêmes. Mais Caracas s'était réveillée, évidemment - Cissé Sikhouna lui-même avait dû grommeler dans son sommeil -, et bien que je n'aie jamais eu l'occasion d'observer de près un chat d'appartement en présence d'un péril mortel, je me suis demandé si l'expression de Caracas ne reflétait pas quelque chose de ce genre-là : les yeux qui lui sortaient de la tête, les oreilles aplaties, le poil hérissé, les lèvres pincées. Dans la cuisine, les coups redoublaient d'intensité et ne ressemblaient pas tout à fait à des coups de marteau, en fin de compte : quelque chose de plus détraqué, de plus sauvage. Un peu comme si elle avait fait entrer par la fenêtre une équipe de démolisseurs des pays de l'Est."


"Au pire, comme je l'ai dit, je m'attendais à découvrir en ouvrant la porte cinq ou six colosses blonds en maillot de corps et en jean, les cheveux en brosse et les épaules luisantes, en train de démolir mon électroménager moderne à grands coups de masse et de pioche. Je n'étais pas loin. J'ouvre (la porte ne grince pas mais ça ne gâterait rien) et me retrouve face à la scène la plus abominable à laquelle puisse assister celui qui tient à sa cuisine comme à la prunelle de ses yeux (ce n'est pas mon cas, mais je projette - c'est pour la question dramatique (si j'écris : "J'ouvre et me retrouve face à une scène un peu contrariante", c'est la déception) (et puis j'aimais bien ma cuisine tout de même))."


2 commentaires:

Anonyme a dit…

!!

mon roman préféré ! un délice à déguster sans modération, qui m'a fait me mordre les lèvres pour ne pas hurler de rire dans le métro.. j'adore j'adore j'adore.. à relire !

Anonyme a dit…

quel joli blog !
très intéressant !
je lirais bien ce livre..